Pourquoi je crois au Service Volontaire Européen?
Tout commença par le scoutisme…
Après m’être engagée pendant des années dans les activités annuels, les camps d’été et des projets de rencontres de jeunes en Serbie en 2006 puis au Rwanda en 2008, j’ai décidé de devenir responsable d’un groupe d’enfants de 8 à 11 ans (les louveteaux) en France. Nous avons répondu à une proposition d’une troupe allemande pour faire un camp jumelé d’une semaine avec notre groupe en France.
Les enfants qui ne voulaient absolument pas partager leur tente avant de se rencontrer, étaient tous en pleurs le jour du départ. Ils n’avaient cependant partagé que 6 jours ensemble sans parler de langue en commun. J’ai appris l’année suivante que certaines de mes louvettes qui venaient de passer au collège avaient choisi d’étudier l’allemand par la suite. Cette échange interculturel a donc eu un impact non négligeable sur leur vie et moi ça m'a fait réfléchir. Moi, qui étais nulle en langue, qui était engagée depuis plusieurs années dans l’animation et qui partait pour l’Italie pour enseigner le français là-bas, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour promouvoir les échanges de jeunes en Europe et faciliter l'apprentissage des langues et des cultures par de nouvelles méthodes éducatives.
C’est là que j’ai découvert par une amie que cette opportunité existait déjà au niveau européen. Au-delà d’Erasmus qui est réservé aux étudiants, celle-ci est destinée à la jeunesse (sans plus de condition d’accès que d’avoir entre 18 et 30 ans et de résider dans un des pays de l'Ue ou des pays partenaires) : l’ancien programme « Jeunesse en Action » qui constitue aujourd’hui le « + » d’Erasmus+.
Quelques mots sur les différentes opportunités de ce programme, je vais me limiter à décrire l’Action Clef 1 que je connais mieux et qui est la plus accessible pour des porteurs de projets ou des petites structures.
Les échanges de jeunes : c’est un financement pour accompagner un groupe de jeunes dans un autre pays afin de faire des activités interculturelles sur un temps court et dans un but précis. Par exemple : la semaine de l’environnement/ du cinéma/ créer une pièce de théâtre…
La formation de formateurs : (beaucoup d’opportunités sont accessibles sur la plateforme Salto Youth) : c’est un financement pour partager les techniques d’animation et de formation au niveau européen entre pairs. Il n’y a pas de limite d’âge vu que c’est à destination des travailleurs de jeunesse.
Le Service Volontaire Européen (SVE) : c’est un financement pour accueillir un jeune entre 2 semaines et 12 mois dans une structure associative ou publique. Ce programme a été conçu pour donner l’opportunité aux « Jeunes Avec Moins d’Opportunités » de découvrir l’Europe. C’est pour ça qu’il est séparé en deux types de mobilité : le SVE court terme (entre 2 semaines et 2 mois) pour les jeunes qui veulent se tester, qui partent en générale pour la première fois à l’étranger et qui connaissent des difficultés (handicap, précarité, addictions, isolement géographique…). L’Ue placent dans la catégorie JAMO une grande variété de jeunes dans des situations extrêmement différentes. Le SVE long terme (entre 2 et 12 mois) pour les autres.
Passionnée par ce programme, j’ai voulu en savoir plus en réalisant mon premier stage de Master à l’Agence du programme Jeunesse en Action devenue aujourd’hui l’Agence Erasmus+, fusionnée depuis janvier 2017 avec l’Agence du Service Civique à Paris.
J’ai eu l’opportunité de faire un bilan du programme, de rencontrer des acteurs de terrain qui m’expliquaient comment concrètement l’alchimie entre les volontaires accueillis, les structures d’accueil et les populations locales se passaient. L’organisation de l’envoi et de l’accueil des volontaires se réalisent en triangle : les jeunes intéressés cherchent dans leur pays une association d’envoi qui les préparent à la mobilité puis ils candidatent pour des projets de volontariat qui leur plaisent sur la base de données des associations d’accueil en Europe. Ils sont ensuite accueillis dans une structure qui doit leur fournir le gite et le couvert et reçoivent en plus une petite somme d’argent de poche.
En parallèle, je réalisais une étude sur les 25 ans du programme Erasmus à destination des étudiants et grâce aux nombreux entretiens qualitatifs que j’ai effectué, je me rendais compte des grandes différences entre les deux programmes. En général les étudiants qui avaient fait un Erasmus se connectaient à une communauté internationale où ils parlaient en anglais et vivaient une expérience festive, hors de leur zone de confort, dépassant souvent leur limite. Pour le SVE, les volontaires ont l’occasion aussi de se connecter à cette communauté internationale car ils sont parfois plusieurs à être accueillis dans une même ville et ils ont un séminaire de 5 jours à l’accueil et de 4 jours à mi-parcours de leur volontariat avec une vingtaine d’autres volontaires accueillis aussi dans leur pays d’accueil.
Le plus du SVE, c’est que les volontaires réussissent à se connecter aussi à la communauté locale, à apprendre de leur environnement sur la culture/ la langue et à donner par leur engagement dans l’association (via l’animation d’atelier/ l’organisation d’événement européen/ de la sensibilisation dans des écoles…). Ils transmettent sur leur pays, leur culture mais aussi sur l’Europe, les opportunités du programme et leur domaine de compétence. Dans le cas de la MAPAR à Redon que j’avais visité pendant mes recherches, je m’étais même rendu compte que dans cette petite ville, l’accueil de volontaires avait contribué à rapprocher des associations qui n’avait jamais travaillé ensemble auparavant car elles avaient décidé de se réunir régulièrement pour coordonner les projets collectifs des volontaires.
Ainsi cette expérience permet un apport mutuel entre le jeune et la communauté qui l’accueille. C’est cette dimension qui m’a séduite dans ce programme même s'il représente aujourd'hui un pourcentage très faible des mobilités par rapport au géant Erasmus pour les étudiants.
Pour poursuivre mon élan, je me suis engagée lors de mon stage de M2 dans une association qui accueillait et envoyait des volontaires en Europe (AIPC Pandora) depuis mon Erasmus à Madrid. C’est là que j’ai compris tous les rouages du programme ; j’ai aussi coordonné un séminaire européen, une sorte de formation de formateurs sur l’entrepreneuriat social qui réunissait des jeunes de tout le pourtour méditerranéen. Mon objectif était de m’inspirer de cette expérience pour créer ma propre association en France afin d’envoyer et d’accueillir des volontaires.
Alors finalement, mon chemin de vie en a décidé autrement et après deux ans en Angleterre à enseigner le français, j’ai décidé que mon projet professionnel devait être centré sur la transmission et l’utilisation de pédagogies actives. Du coup je me suis lancée comme formatrice indépendante et une des premières personnes que je suis allée rencontrer était mon ancienne directrice de stage à l’Agence Erasmus+ pour lui parler de l’évolution de mes projets.
A ce moment là, le pool de formateurs français, qui accompagnent les volontaires dans les séminaires à l’accueil et à mi-parcours, cherchait un nouveau membre. Ce que je n’ai pas encore précisé c’est que le SVE s’inscrit dans la dynamique de l’éducation non-formelle (comme les échanges de jeunes et les formations de formateurs) dont les grandes associations d’éducation populaire comme les scouts, les Céméa, la Ligue de l’enseignement, les Francas… font partie. C’est un mouvement, qui encourage l’apprentissage par l’action, la liberté de choix de l’apprenant, son autonomie et l’auto-évaluation de ses compétences. Cette opportunité était donc parfaitement en accord avec mes valeurs.
Aujourd’hui, cela fait plus d’un an et demi que je pars quelques jours par mois pour rencontrer les nouveaux volontaires accueillis en France ou les accompagner à mi-parcours pour un premier bilan de leur expérience et commencer à préparer l’insertion professionnelle après le retour. J’ai envie de vous en dire plus sur le contenu de nos formations, nos objectifs et la richesse de l’émulation de groupe qui me stimule mais cela fera l’objet d’un prochain article car celui là est déjà bien long.
Merci d’avoir partagé la découverte de ce programme et je vous encourage à poser des questions en commentaires si besoin de points d’éclaircissement.