Réveiller l’esprit créatif de vos participants
Pour utiliser le potentiel de l’intelligence collective au service de l’apprentissage lors d’une formation ou de la prise de décision lors d’une réunion de votre équipe par exemple, vous aurez besoin de permettre à chacun de se relier à sa capacité créative. Pour cela, je vous propose plusieurs méthodes qui vous permettront d’accompagner vos participants à changer de perspective pour réenchanter leur quotidien, lâcher prise sur leur croyance limitante et à se reconnecter à leur créativité et à celle du groupe.
1) Le Droodle
Aborder la compétence créativité avec vos participants, c’est leur permettre d’abord de considérer la réalité avec un nouveau regard, de s’émerveiller de ce qu’ils ont l’habitude de voir d’une seule manière. Pour les accompagner dans ce chemin de changement de perspective, je vous invite à utiliser les croquis-devinette (Droodle) créés par Roger Price (6 mars 1918– 31 octobre 1990).
Une fois un exemple montré au tableau, vos participants auront 3 minutes pour trouver un maximum de légendes sur d’autres formes que vous pouvez proposer.
Après que le temps s’est écoulé sur plusieurs illustrations, vous pouvez inviter vos participants à partager toutes leur légende en petit groupe puis échanger avec eux sur leur processus de créativité, de connexion à eux-mêmes. Est ce que cet exercice a été difficile, est ce que le niveau de difficulté à évolué dans le temps ? …
Le droodle est une très bonne introduction pour initier un processus de créativité où vous aurez besoin que les participants se connectent à eux mêmes et à leur énergie créative.
2) Le portrait tournant
C’est un exercice que j’utilise souvent pour permettre aux participants de faire connaissance à travers différentes impressions : la vue, le dessin, la ressemblance, le rêve… Je dispose un cercle de chaises tournées vers l’extérieur et le même nombre de chaises autour qui leurs font face. Sur chaque chaise, il y a une feuille blanche et un feutre.
Chacun s’assoit à une place, il y a le même nombre de chaises total que de participants donc c’est important d’avoir un groupe pair. J’explique aux participants qu’ils vont avoir 2 minutes à chaque fois pour commencer puis continuer le portrait de la personne qui leur fait face. Ce n’est pas la beauté ou la ressemblance qui doit les guider mais la tentative de faire connaissance par l’observation et le dessin. A chaque session les participants de l’intérieur du cercle font tourner les dessins vers la droite et les participants de l’extérieur du cercle changent de place vers la droite.
Quand je me rends compte que les portrait sont terminés, j’arrête la séance de portrait, on pousse les chaises et les participants ont deux minutes pour s’échanger le plus rapidement possible les dessins si bien qu’à la fin du temps écoulé, il est impossible de savoir quel dessin correspond à qui.
La dernière phase est de retrouver la personne croquée et d’écrire sur la feuille la réponse à 2, 3 questions de votre choix que vous suggérez aux participants, comme : « Quel est ton rêve ? », « Qu’est ce que tu aimes faire ? »… Vous pouvez à la fin afficher les œuvres ce qui permettra à chacun pendant la semaine de flâner devant l’exposition pour continuer à faire connaissance avec les autres.
Sur le plan de la créativité, cela permet aux participants de commencer à désacraliser le dessin, pris par le timing serré de l’activité, ils ne peuvent plus penser à leur capacité à dessiner ou non. Les résultats sont souvent très rigolos et permettent aussi de déconstruire l’importance de la beauté du résultat.
3) Le cadavre exquis
J’utilise souvent cet exercice quand je sens des résistances au processus créatif. Il permet vraiment aux participants de se rendre compte de leur blocage et de capter le bon état d’esprit pour s’en débarrasser.
Ceux-ci doivent dessiner à tour de rôle un personnage de la tête au pied. Il plie à chaque fois la feuille pour que la personne suivante ne puisse pas voir la première réalisation, mais laisse deux traits minimum, pour la continuité.
Chaque personnage va donc avoir plusieurs contributeurs, dessinateurs. On affiche ensuite les œuvres d’art et on fait un débriefing sur le processus de création et le résultat. En fonction des groupes, les commentaires sont différents mais tous sont d’accord pour dire que pendant cet exercice ils ont dû lâcher prise sur le résultat même « s’ils ne savaient pas dessiner » (la croyance limitante contre laquelle je lutte) car ils n’avaient pas de contrôle sur l’œuvre finale. Ils sont aussi d’accord pour trouver que les résultats sont harmonieux, qu’ils dégagent quelque chose même s’ils ne sont pas tous beaux.
C’est à ce moment qu’il est important de souligner l’importance de garder ce même état d’esprit pour la création ou réunion qui suit afin d’être connecté à soi, confiant dans sa capacité de contribuer et dans la solution que le groupe trouvera.
4) Création de modelage les yeux fermés
L’exercice précédent permet de préparer l’état d’esprit des participants pour une création personnelle si vous souhaitez aller plus loin dans le travail sur la créativité avec vos participants. Pour cette activité, vous aurez besoin de glaise et d’un local que vous pouvez salir (la terre se nettoie très bien mais évitez la moquette par exemple). Cela paraît parfois contraignant aux gens à qui j’en parle mais c’est un investissement que je vous recommande car les résultats sont très puissants. Vous pouvez aussi utiliser de la pâte à modeler.
Vous invitez vos participants à modeler un morceau de terre de leur choix pendant 30 minutes. Ils ont la consigne de rester dans l’état d’esprit de lâcher prise, de se concentrer sur leur processus de modelage et non sur un résultat à atteindre. Les 15 premières minutes se déroulent en musique puis le reste du temps est en silence. Les participants sont invités à se bander les yeux pour créer une bulle plus individuelle et mieux se connecter à l’expérience de toucher.
Suite à cette expérience, vous vous réunissez en groupe de 10 personnes maximum pour faire un débriefing sur tous les sentiments que les participants ont éprouvés et sur le processus de création qu’ils ont vécu. Cet échange permet d’ancrer les apprentissages par la parole mais aussi de faire effet miroir avec les autres, de développer sa qualité d’écoute et d’empathie.
5) Le photolangage
Je vous conseille d’acheter un jeu de photolangage ou de vous en fabriquez un.
Personnellement, j’utilise très souvent les cartes du Dixit que je trouve très inspirante. Les images vous permettront d'inspirer vos participants. Que ce soit à l’occasion d’une panne d’idée, d’une visualisation ou d’une évaluation, vous pouvez les inviter à choisir une carte qui leur parle sur le thème que vous leur proposez et à décrire aux autres pourquoi ils l’ont choisis.
Cet exercice permet à chacun de se projeter facilement vers d’autres horizons et à se reconnecter à tout moment à sa créativité.
Le thème de la créativité m’habite particulièrement car j’en ai toujours vécu les bénéfices grâce à ma pratique de la sculpture mais aussi de la peinture et de l’écriture. J’ai essayé de vous décrire 5 pratiques qui correspondent à différentes étapes du processus et qui s’adaptent facilement à différents contextes de formation.
Prochaine et dernière étape pour ce cycle : comment réactiver les connaissances transmises/ développées pendant une formation.